

Écrit par Coralie Costi, diététicienne nutritionniste - Mis à jour le 23 juin 2023
L'alimentation pendant l’Allaitement... sujet ô combien source de questionnements pour les jeunes mamans !
Coralie Costi, nutritionniste à Paris (6ème), va vous éclairer de sa lanterne sur le sujet !

Chacune d’entre nous appréhende son allaitement à sa manière, mais s’il y a bien une chose que toutes les mamans, allaitantes ou non, ont en commun, c’est de vouloir ce qu’il y a de mieux pour leur enfant.
La composition du lait maternel s’adapte régulièrement, en fonction de l’âge du bébé bien sûr, mais aussi selon le moment de la journée : par exemple, comme nos repas, il est plus riche en protéines et en lipides le midi et le soir ! Au fil de la tétée, c’est sa concentration qui se modifie. Une chose est sûre donc: il est généralement en parfaite adéquation avec les besoins de notre enfant. Et pour nous ? Il suffit d’avoir une alimentation équilibrée. Voilà. Donc c’est bon ? C’est tout ?
On arrête là ?
Eh bien non évidemment, parce qu’imaginez-vous bien qu’on se pose forcément des questions. Parce qu’on n’est jamais sûr de ne pas être l’exception qui confirmera la règle, parce qu’on est surchargé d’informations contradictoires et submergé de doutes. Sur l’allaitement oui, mais alors sur l’alimentation ! C’est déjà compliqué en temps normal alors là ! Qui sait encore quoi manger lorsque d’une année à l’autre un aliment est tantôt encensé, tantôt diabolisé ?
Et puis qu’est-ce que c’est d’ailleurs avoir une alimentation équilibrée ? Parce que bon, on vient quand même de passer neuf mois à faire attention à ce qu’on mangeait et à loucher sur des sushis…
Avant tout, qu’est-ce qu’une alimentation équilibrée lorsqu’on allaite ?

C’est une alimentation diversifiée, avec trois repas par jour et éventuellement une à deux collations, selon votre faim. Elle devra constituer un apport suffisant en calcium, que vous trouverez dans le lait et les produits laitiers, ou, à défaut, dans des eaux minérales dites « calciques » (Hépar, Courmayeur, Contrex…).
Elle devra aussi vous apporter du fer. Le fer le mieux assimilé se trouve dans la viande, mais aussi dans les crustacés, les œufs ou le poisson. Les légumineuses sont une source de fer non négligeable, mais il sera nettement moins bien assimilé. Pour favoriser son absorption, il sera néanmoins intéressant d’y associer des aliments riches en vitamine C.
Les fruits et légumes frais, de préférence locaux et de saison, feront évidemment partie du menu mais en quantité raisonnable : source de fibres, une consommation excessive pourrait être à l’origine de diarrhées chez votre enfant.
Quel est l’impact sur la composition du lait ?
La teneur en protéines, glucides (dont le lactose) et lipides est généralement très stable dans le lait et est très peu impactée par votre alimentation. En revanche, il est important de consommer des lipides de bonne qualité, riches en acides gras essentiels, car leur concentration dans votre lait dépend exclusivement de votre alimentation. Indispensables au développement cérébral de bébé, vous les trouverez dans les huiles de pépins de raisin, de tournesol, de noix et de colza.
Le DHA, le plus célèbre des oméga 3, se trouve presque exclusivement dans le poisson, et plus le poisson sera gras, plus sa teneur en DHA sera élevée (saumon, sardine, maquereau, hareng, truite fumée). Attention néanmoins à limiter la consommation des poissons gras à une fois par semaine car ils sont susceptibles de contenir des substances polluantes.
Les poissons maigres, à raison de deux portions par semaine, permettent également de couvrir vos besoins (rouget, anchois, truite, bar ou loup, dorade, turbot, brochet, éperlan, flétan). Et si vous n’aimez pas le poisson ? La fameuse huile de foie de morue qui a fait grimacer tant de générations est la meilleure alternative !
Votre alimentation va aussi jouer sur la saveur du lait. En effet, certains aliments « forts » comme l’ail, l’oignon, le chou ou les épices, vont en modifier le goût. Faut-il éviter d’en consommer ? Si vous en consommiez déjà pendant votre grossesse, non : votre bébé a déjà goûté à tout par l’intermédiaire du liquide amniotique. Sinon, effectivement, mieux vaut les tenir à l’écart pendant un moment, car ils sont susceptibles de freiner la consommation de bébé.
Faut-il manger davantage ?

À vrai dire, ça dépend. S’il est vrai que la lactation consomme beaucoup d’énergie, le poids pris pendant la grossesse constitue déjà une réserve plus ou moins importante. Le corps va puiser dans les graisses qu’il aura stockées pendant des mois.
Certaines mamans auront plus faim que d’habitude, il leur sera alors recommandé d’augmenter leurs apports énergétiques et d’ajouter par exemple une à deux collations dans la journée. Il est donc essentiel d’être à l’écoute de vos sensations de faim et de satiété.
En revanche, hors de question de s’affamer ou de suivre un régime restrictif ! Ce serait contre productif et dangereux, pour vous comme pour votre bébé.
De plus, les fluctuations de poids post grossesse sont très variables d’une femme à l’autre, aussi, n’hésitez pas à vous faire guider par une diététicienne nutritionniste lorsque le moment sera venu.
Faut-il boire jusqu’à « plus soif » ?
L’eau est la seule boisson indispensable à notre organisme, on ne le répètera jamais assez. En revanche, contrairement aux idées reçues, la lactation n’impose pas à la maman de boire des litres d’eau supplémentaires. 1,5 à 2 litres d’eau par jour peuvent être suffisants pour une femme, tandis qu’une autre aura besoin de boire davantage.

Il n’est pas rare d’ailleurs que nous ayons très soif pendant la tétée. Dans ce cas, il peut-être judicieux de garder une bouteille d’eau à portée de main.
Mais inutile de se forcer à boire « sans soif » plusieurs litres d’eau par jour, on ne produira pas plus de lait pour autant.
C’est surtout la stimulation de la glande mammaire et votre bébé lui-même qui impactent sur la production de lait. De même, il est inutile de boire du lait pour en produire davantage.
Autrement dit, ici encore, il est très important d’être à l’écoute de nos sensations, ce qui n’est pas toujours évident lorsque toute notre attention est tournée vers bébé.
Y a t’il des boissons interdites ?
Vous pouvez tout à fait boire du café, mais à raison de 2 ou 3 tasses par jour maximum, à moins qu’il ne soit décaféiné. Le thé noir sera également à modérer, de par sa richesse en théine mais aussi parce qu’il limite l’absorption du fer.
En revanche, il est fortement déconseillé de consommer des boissons alcoolisées durant l’allaitement.
Avant tout parce que l’alcool passe dans le lait à un taux équivalent à celui qui passe dans le sang. Autrement dit, pour un adulte, un verre ce n’est pas grand chose… mais à l’échelle de votre bébé, cela pourrait induire des dégâts cellulaires importants.
De plus, l’alcool va considérablement diminuer le réflexe d’éjection et donc rendre la tétée plus difficile.
Et la bière alors ?
On entend souvent que la bière stimule la lactation parce qu’elle augmenterait le taux de prolactine. À vrai dire, lorsqu’on allaite, notre taux de prolactine est constamment stimulé, en Bluetooth, par bébé ! La sensation d’avoir les seins plus « pleins » rapportée par les mamans ayant bu de la bière pendant l’allaitement vient surtout du fait que, comme le réflexe d’éjection est diminué, bébé tète moins. Et s’il semble repu… c’est probablement qu’il est un peu… pompette. La bière sans alcool est à éviter également, parce qu’elle en contient toujours un peu quand même.
En cas de consommation fortuite ou très occasionnelle, il est inutile de tirer votre lait et de le jeter, ni même de paniquer. Veillez simplement à espacer la prochaine tétée d’au moins deux heures ou plus après ingestion, ce qui n’est pas toujours évident à mettre en pratique… donc si on peut éviter, on évite !
S’il n’y avait qu’une chose à retenir dans tout ça, c’est d’être à l’écoute. Le meilleur conseil que l’on m’ait donné, et peut-être même l’un des seuls, c’est « Faites confiance à votre bébé ». C’est votre meilleur indicateur. Faites vous confiance aussi. En règle générale, votre alimentation suffira à couvrir les besoins de votre bébé : non seulement c’est une parfaite télécommande, mais en plus, il se sert en premier… et vous lui donnez le meilleur.
Quelques mots sur Coralie Costi
"C’est à l’annonce de ma grossesse que j’ai décidé d’effectuer un virage à 180° et de devenir diététicienne nutritionniste. Et c’est bien plus tard encore que je me suis spécialisée en nutrition pédiatrique. Autrement dit, lorsque j’ai commencé à allaiter ma fille, mes connaissances sur le sujet étaient quasi nulles. Et puis au fil du temps, ce petit « truc » magique qu’est l’instinct maternel m’a littéralement attrapée au vol et notre merveilleuse aventure de l’Allaitement a duré deux ans et demi. Avec des doutes et des craintes, bien sûr, mais surtout avec des évidences et le meilleur guide qui soit, ma fille.
Aujourd’hui c’est avec bonheur que j’ai rejoint le cabinet diététique d’Adélaïde D’Aboville en plein cœur de Paris, dans le 6e arrondissement. Je vous y reçois et vous accompagne en toute bienveillance et au plus proche de ce que vous êtes, avec un seul mot d’ordre : atteindre ses objectifs en se faisant plaisir !"
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