
- Mis à jour le 10 oct. 2023
Article rédigé par @selma_bienetre, Naturopathe et maman de bébé Lana
@ juli_etta._
Ce sujet est un des (si ce n’est le) sujets les plus stressants pour une jeune maman en congé maternité. Avant même d’accoucher, on pense au retour au travail et après l’accouchement, on essaie de profiter mais on voit l’horloge défiler, comme une cocotte minute prête à exploser.
J’en ai entendu des “Non mais tu vas vraiment continuer d’allaiter après ton congé maternité ?! Mais tu es folle ! Tu vas être épuisée”.
Avouons le, l’allaitement met généralement du temps à se mettre en place et à être apprécié : les premières semaines, on se sent un peu comme prisonnière de son bébé qui nous réclame 24/24, on ressent parfois quelques douleurs et on se sent souvent perdues dans ce nouveau rôle de maman. S’en suivent ensuite les pics de croissance qui testent nos limites, nous poussent à bout et nous font perdre toute confiance en nous. Heureusement, les tétées finissent par devenir agréables. Chacune d’elles devient un moment hors du temps, un privilège, un échange de douceur, d’amour et de complicité avec son bébé. Durant plusieurs minutes, nos regards se croisent, un petit sourire comme remerciements, une main posée sur la poitrine comme pour dire “je sais maman, tu me donnes beaucoup, je vois que tu veux le meilleur pour moi et je t’aime pour cela”.
Sauf que, lorsque ça devient sympa, on doit généralement se remettre à travailler, enfiler notre nouvelle casquette de “working mama”. Vient alors le dilemme : Continuer ou arrêter ?
Personnellement, j’ai fait le choix de continuer. Je savais que j’allais peut-être fatiguer mais j’ai choisi d’y croire. Alors bien sûr, mes propos ne jugent absolument pas celles qui ont décidé d’arrêter l’aventure à cette étape là et encore moins celles qui ont décidé de ne jamais allaiter. Je reste persuadée qu’il vaut mieux garder de bons souvenirs et que chaque maman, allaitante ou non, est la meilleure pour son enfant.
Le seul problème lorsqu’on décide d’allaiter et de travailler c’est qu’on est très peu voire pas du tout accompagnées et il y a très peu d’informations disponibles.
Je vais vous présenter ce qui a marché pour moi, qui suis maintenant rentrée de congés depuis 2 mois et qui continue l'aventure de l’allaitement avec ma fille.
Préparez vous mais pas trop ! Je m’explique : N’hésitez pas à contacter des consultantes en allaitement, elles sauront vous donner les meilleurs conseils personnalisés mais ne réfléchissez pas non plus à en perdre le sommeil. Ne cherchez pas trop l’information sur les groupes d’allaitement, vous trouverez majoritairement des idées très strictes et extrêmes. J’ai pu y lire “Pas de biberon ! Pas de tétine ! Donnez dans une cup, un verre ou que sais-je”. Par exemple, ne culpabilisez pas parce que votre bébé ne va pas être nourri au sein durant votre absence : j’ai trop souvent lu qu’un bébé qui prenait le biberon fonçait droit vers la confusion, qu’il allait se détacher et qu’il n’accepterait plus le sein une fois à la maison. C’est peut-être parfois vrai mais c’est surtout souvent très faux.
Je pense que le temps et l’énergie perdus à réfléchir et cogiter sur le maintien de l’allaitement participent énormément à l’abandon des mamans.
Pour ma part, la veille de mon retour au travail, je n’avais aucun stock mais j’avais préparé mon corps à en faire un, sereinement et sans stress. Comment ? Je profitais du réveil à 3h du matin de mon bébé pour, après lui avoir proposé un sein, tirer de l’autre côté. J’ai donc habitué mon corps. Je répétais l’exercice au réveil de 7h. Le secret est d’être régulière ; prenez un moment, toujours le même, chaque jour à la même heure, pour tirer votre lait. Notre corps est incroyable, sa mémoire est infaillible et sa conception parfaite : plus vous videz votre sein et plus vous produisez de lait. Attention quand même à la surproduction qui pourrait engendrer engorgements et mastites !
Pour éviter la baisse de lactation durant les heures de travail, j’ai fait en sorte de tirer mon lait toutes les 3 heures.
Au début, je le tirais dans les toilettes mais je me suis rapidement sentie mal... J’avais un peu l’impression de faire une bêtise, d’être cachée et ce n’était honnêtement ni agréable ni hygiénique ! J’ai eu la chance de croiser une collègue qui m’a vue, sac de conservation en main, sortir des toilettes sur la pointe des pieds, et m’a dit “mais qu’est-ce que tu fais ? Tu n’as pas demandé à ce qu’on te passe une salle pour tirer tranquillement ton lait ?”. Je ne la remercierais jamais assez, elle m’a fait prendre confiance en mon choix et m’a aussi fait prendre conscience que j’avais le DROIT de continuer mon allaitement et que je ne devais surtout pas m’en cacher.
Le fait de tirer son lait durant la journée à un rythme régulier est, je pense, l'une des étapes les plus importantes si vous souhaitez maintenir votre allaitement : continuez à stimuler votre lactation. Cela permettra non seulement à votre bébé de bénéficier du lait tiré la veille mais vous assurerez aussi votre production.
Je souhaite aussi vraiment insister sur le fait qu’il est important de vous faire confiance. Et d’être fière de ce que vous faites. Soyez sereine avec votre choix parce que c’est votre droit et que votre employeur devrait le comprendre. Qui plus est, la loi est de notre côté. Le monde du travail évolue et beaucoup de femmes auraient rêvé être à notre place, elles auraient rêvé avoir la possibilité de concilier leur vie professionnelle et leur travail de maman. Nulle mère n’est parfaite et donner un biberon de votre lait ne fera pas de vous une mauvaise maman et SPOILER : dans la plupart des cas, votre bébé ne refusera pas le sein pour autant. Vous êtes son refuge, son pilier, la personne chez qui il continuera à se blottir et c’est, selon moi, plus que suffisant pour tenir bon. Ce ne sera pas facile tous les jours, vous aurez parfois envie de lâcher, de pleurer ou d’exploser et c’est NORMAL !
Aucun retour au travail après un accouchement n’est facile ; nous faisons face à une nouvelle vie, nous réapprenons à vivre, nous nous redécouvrons. Ma manager m’a récemment envoyé que l’allaitement représentait près de 1800 heures par an alors qu’un travail à temps plein équivaut à 1950 heures. C’est un travail supplémentaire ! Mais le jeu en vaut tellement la chandelle.
J’adore finir mon travail, fermer l’ordinateur, retrouver mon bébé et lui proposer mon sein. On se retrouve, on s’est manquées, je lui raconte ma journée, elle me regarde avec ses grands yeux, la main posée sur ma poitrine, quelques sourires par moment ; je comprends à chaque fois que j’ai bien fait de tenir bon.
C’est à nous de nous soutenir, de nous faire déculpabiliser et de faire en sorte qu’une maman allaitante qui fait aussi le choix de travailler soit la norme !
Bon retour au travail chères mamas <3